Cinéma nigérien et financement



Le pionnier des pionniers en Afrique de l’ouest dans la production des films d’animation, Feu Moustapha Alassane, le génie créateur, l’inventaire des films d’animation de manière artisanale (ce qui implique, l’esthétique de l’œuvre, le savoir faire, la patience dans le travail et la touche personnelle hors norme) n’a pas reçu l’honneur qu’il méritait pour son rang de cinéaste mondialement reconnu.
 
Feu Moustapha Alassane avait à son actif une dizaine de films d’animation calqués tous sur l’oralité africaine en général et nigérienne en particulier. On peut citer les films : La Mort du Gandji (1965), Bon Voyage Sim (1966), Samba Le Grand (1977), Kokoa (2001), La Geste de Fanta Maa (2009), Le Roi cherche un Gendre (2009).
L’Oralité Africaine dans les films de Feu Moustapha Alassane.
Avec des thématiques multiformes telles que : la femme protectrice de la famille, la royauté et la bravoure, comme dans le film Dan Zarairou (2009) produit par le Centre d’Etudes Linguistiques et Historiques par Tradition Orale ( CELHTO), une adaptation d’un conte d’Albarka Tchibaou, dans lequel Moustapha Alassane narre le complot pour écarter du trône le prince héritier, adepte de la chasse. Il fut jeté dans le fleuve, attaché dans une outre et récupéré une année après par les habitants d’un autre village. Dans une voix off en français et parfois en haoussa, accompagnée de la transcription en anglais et sur des belles images statiques, le réalisateur nous amène à nous plonger dans un vrai conte à la belle étoile, comme le racontait le sage du village, les connaisseurs de l’oralité d’autrefois. Par la fin, Dan Zaraidou, libéré à cause de sa bravoure, il revint à son village pour occuper le trône.
Le film soulève la question du personnage dont le destin est tracé. Ici, Dan Zaraidou, un homme patient, dure de caractère, et fier de sa personne qui, attaché dans une outre survécut pendant une année avec toutes ses facultés. Il est aussi, question de l’éducation africaine, qui se veut la solidarité à travers la jeune belle fille qui donna de l’eau à l’inconnu pour se désaltérer, inconnu qui s’avéra par la suite être son père poussé à l’exode bon gré mal gré, de même de la fidélité de la femme à travers la femme de Dan Zaraidou , qui l’attendit durant toutes ses années d’absence. Aussi, la force de l’oralité à travers le chant de la fille de Dan Zaraido, qui fit l’éloge de son père guerrier sans savoir qui était cet inconnu.
Un film plein d’enseignement sur les valeurs de l’Afrique précoloniale, lesquelles valeurs qui doivent être relayées à cette jeune génération tentée par ce phénomène de mondialisation, gage de l’acculturation et de la disparition des valeurs ancestrales.
L’inaction des autorités de la culture.
Comme dans son vivant, il n’a eu les honneurs à la taille de sa personnalité, Feu Moustapha Alassane, promoteur de la tradition africaine à travers l’image africaine, ne mérite pas un prix à titre posthume par les autorités de son pays, le Niger ? Défendre un prix au Fespaco, comme le prix Oumarou Ganda, qui fait la fierté du Niger pour encourager et pérenniser la création de film d’animation en Afrique vu l’engouement de ces films à la dernière édition du Fespaco. Un adage africain dit « les hommes passent, mais la parole demeure », ici Moustapha est parti, mais ses films demeurent, car liés à une culture. Quel est le rôle du Ministère de la Culture, des Arts et des loisirs, s’il n’est peut honorer les hommes de culture qui marquent l’histoire du pays à travers des décorations et des monuments, car même sur le simple plan d’aide à la création, l’effort laisse à désirer ?
 
Proposition d’aide publique au financement.
 
Il est temps de créer des fonds d’aide à l’avance sur recette chaque semestre pour contribuer à professionnaliser le métier du cinéma à travers des critères bien établis par l’autorité de tutelle et les professionnels à l’instar du système marocain. Ce fonds octroyé par l’autorité de tutelle permettrait de venir en appui aux cinéastes, qui s’étaient préfinancés pour la réalisation de films en respectant les lois qui régissent ce cinéma ; aussi pour des cinéastes qui ont déposé des projets bien ficelés de films.
Et même, aller plus loin en accordant une prime à la production dans un premier moment pour relancer le cinéma nigérien et tendre en fonction de l’abondance des productions à une sélection des productions et une aide plus conséquente. D’aucuns diraient que pour la mobilisation des ressources internes la culture n’apporte pas une contribution, mais ce qu’ils oublient l’Etat est garant de la culture comme il est garant de la sécurité nationale, donc, doit mettre les moyens nécessaires pour préserver le patrimoine culturel du pays, sinon d’autres viendront prendre l’image de la contrée pour les exploitées en fonction de leur idéologie et si cela arrive, l’Etat a manqué à ses missions. Nous nous rappelons des images faites sur les africains, et les nigériens en particulier par ceux là, avec qui le cinéma fut en Afrique. Des films qui montraient l’Afrique et les africains comme étant des peuples de second rang, des animaux sauvages, des enfants à guider, des non civilisés, un peuple sans culture, alors qu’avant la venue des blancs en Afrique, la vie était paisible avec une société organisée à travers les tribus et les religions.
 
Aussi en parallèle, l’autorité de tutelle doit mettre les moyens pour appuyer la formation dans les métiers du cinéma pour des productions de qualité, car pas de formation, point de compétence. Le Centre National de la Cinématographie doit créer des partenariats Sud- Sud pour capitaliser les expériences dans la formation (stage de perfectionnement, écriture filmique…) et surtout mettre en place un fonds de soutien à la réalisation des films d’école, l’éducation aux médias pour lire les films et comprendre les idéologies qui tournent autour du film, encourager les cinéphiles et inciter d’autres à embrasser les métiers du cinéma.
HALIDOU HAROUNA Youssoufa, Critique du Cinéma.
 
Niameycabouge
 
 
Moustapha Alassane, le génie créateur, l’inventaire des films d’animation


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